Promesse d’être
"Ma plume est une promesse", me répétais-je à cet instant.
La pluie cessait peu à peu et le ciel retrouvait une forme de sérénité extraordinaire dont je goûte le plaisir particulier la nuit tombée. Le monde dort. Ou presque. Une voiture résonne dans le silence Nyxien et me fait sentir comme l'Ether de ce doux moment. Mes insomnies ne me quittent guère, la si vertueuse camomille n'y a rien fait. Nous sommes des millions a être prisonnier de l'obscurité. Véritable aliénation qui torture âme et esprit.
Soudain, les questionnements absurdes, fous, existentiels s'arrachent la clef de ma nature. Ce sanglant combat de mots dessine délicatement les maux qui sont les miens. Cette délicatesse vicieuse, malsaine, qui ôte les armes du guerrier achève ma léthargie naissante. Cette nuit, je suis condamnée à la vie éternelle.
Ma main tremble sous la plume. J'ai peur de ce que j'écris, de ce que mon être va oser penser. Je crois en la Trinité humaine, faible, aspirant à la sainteté. Mon corps, mon ame, mon esprit sont là. Tripartisme fabuleux autant que monstrueux.
L'Homme par nature, veut dominer l'Homme. Mon corps veut se faire empereur de mon esprit tandis que mon âme aspire à etre le Dieu de celui-ci. Les signaux fusent sans que je puisse discerner. L'un dicte, l'autre impose et le dernier m'enjoint. Qui suis-je ? Cette anatomie est-elle mienne, ce coeur m'appartient-il, cette intelligence traduit-elle mon "je" ? La faiblesse qui s'empare de moi est immense.
"Ma plume est une promesse", ces paroles résonnaient au loin. En parvenant à les libérer de leurs voleurs j'aurais la certitude d'exister le plus profondément qui soit. Réappropriation. Les avais-je seulement possédé ? Prononcer, dicter, formuler, réciter, n'ont aucun sens lorsque les mots ne sont pas ancrés. Appropriation. Un sens était né. Ma voix soumise à mon encéphale et rythmée par les battements de mon coeur s'était exprimée.
Et de nouveau la pluie chutait.
